Les petits secrets des grands tableaux - «Le peseur d'or et sa femme» (1514), Quentin Metsys

C'est à Anvers, en 1514, que Quentin Metsys met la touche finale au «Peseur d'or et sa femme», une scène de genre qui dépeint l'intimité d'un comptoir de change.

Critique : Pionnier de la Renaissance flamande, l'artiste anversois Quentin Metsys possède déjà, à l'orée du xvie siècle, la notoriété d'un maître. Connu pour ses oeuvres religieuses, ses portraits, ses caricatures, il réalise en 1514 une scène de genre a priori anodine : l'intérieur d'un comptoir de change. ­Représentant le prêteur aux côtés de son épouse, son huile sur bois Le Peseur d'or et sa femme cache une mise en garde. Ami d'Erasme, chrétien fervent et peintre prospère, Metsys dénonce dans cette allégorie morale, pleine de componction, les dangers du système bancaire naissant. Le décryptage érudit de cette peinture charnière prend la forme d'une captivante balade dans la Flandre du xvie siècle. Reconstitution en 3D des éléments présents sur l'huile de Metsys, animations, effets loupe : l'utilisation de la palette graphique offre au téléspectateur de s'immerger dans le quotidien des marchands et des usuriers anversois à la fin du Moyen Age... Ici, une série de marines numérisées, recadrées et mises en mouvement, nous propulse dans le brouhaha du déchargement des marchandises sur les quais du port d'Anvers. Là, un jeu de perspectives audacieux recrée l'intérieur de la cathédrale, à l'époque lieu d'exposition pour les artistes. Multipliant les mises en abyme et les clins d'oeil, cet épisode inaugural d'une collection fascinante n'en finit pas de nous faire voyager entre le chef-d'oeuvre, son créateur et son temps. Une réussite. — Hélène Rochette

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