Requiem : Grand Messe des morts - Hector Berlioz

Grand spécialiste de Berlioz, sir John Eliot Gardiner donnait à entendre en 2012, lors du Festival de Saint-Denis, la «Grande Messe des morts» (ou «Requiem») du compositeur français, une oeuvre écrite en 1837 en mémoire des soldats de la révolution de juillet 1830. Pour l'occasion, le chef dirige l'Orchestre national de France, le Choeur de Radio France et le Monteverdi Choir. -- Critique : Berlioz n'a jamais aussi bien été servi que par lui-même. Ainsi de la composition du Requiem : « Dans les premiers jours, cette poésie de la Prose des morts m'avait enivré et exalté à tel point que rien de lucide ne se présentait à mon esprit, ma tête bouillait, j'avais des vertiges. Aujourd'hui l'éruption est réglée, la lave a creusé son lit [...]. C'est une grande affaire. Je vais encore sans doute m'attirer le reproche d'innovation [...]. Il y a des combinaisons formidables qu'on n'a heureusement pas encore tentées, et dont j'ai eu, je pense, le premier l'idée. » OEuvre autant solennelle que théâtrale s'attardant avec volupté sur les flammes de l'enfer, configuration de l'orchestre portée sur les effets acoustiques, sublime démesure dans la prière, ardeur de l'élévation, ce Requiem reste une expérience à chaque écoute. Berlioz, toujours, qui en commente la création : « L'impression a été foudroyante sur les êtres de sentiments et d'habitudes les plus opposés ; le curé des Invalides m'embrassait à la sacristie en fondant en larmes ; au moment du Jugement dernier, l'épouvante produite pas les cinq orchestres et les huit paires de timbales accompagnant le ­Tuba mirum ne peut se peindre ; une des choristes a pris une attaque de nerfs. Vraiment, c'était d'une horrible grandeur. » Pour porter cette puissance à bout de baguette, il faut être « un oiseau antédiluvien, un rossignol colossal, une alouette de la taille d'un aigle. » Le poète Heine appliquait ces mots à Berlioz. Ce soir, la direction de John Eliot Gardiner en endosse et le ramage, et le plumage. — Bernard Mérigaud

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