Gainsbourg / Bashung - Fantaisie Nelson

En 1982, Serge Gainsbourg fête son premier disque d'or, «Aux armes et caetera», mais Jane Birkin l'a quitté. En simultané, après quinze ans d'insuccès, «la petite entreprise» d'Alain Bashung tourne enfin à plein régime, mais il a du mal à gérer son nouveau statut de vedette. C'est à ce moment que les deux artistes se rencontrent et créent ensemble un album devenu culte au fil des années : «Play blessures».

Critique : Au tournant des années 1980, Alain Bashung enchaîne les tubes (Gaby oh Gaby, Vertige de l'amour...) après une décennie de vaches maigres. Mais bien vite lui vient l'envie de quitter cette route trop rectiligne. Ce sera Play Blessures (1982), rupture radicale fomentée en compagnie d'un Serge Gainsbourg qui ne se remet pas du départ de Jane Birkin. Fruit de séances d'écriture et d'enregistrement nocturnes et imbibées, cet album sombre et grinçant, sous perfusion new wave et post-punk, incommodera le grand public, mais il marquera fortement par son jusqu'au-boutisme expérimental toute une génération de musiciens, de Christophe Miossec à Noir Désir. Il faut en fait attendre le milieu du documentaire pour que soit vraiment abordée cette collaboration — dont peu d'images existent — entre les deux grands de la chanson alors au bord du gouffre. Unique point de convergence de deux carrières qui auront chacune alterné succès populaires et oeuvres plus secrètes, racontées ici à travers des archives (Gainsbourg dandy et provocateur, Bashung humble et lucide), des souvenirs de témoins clés et un commentaire dit par l'élégant Alain Chamfort. Fidèle à la ligne éditoriale de France 4, Fantaisie Nelson convoque également des artistes d'aujourd'hui (Grand Blanc, Perez, Vianney, Bertrand Belin, etc.), dont les propos et les reprises s'avèrent plus ou moins inspirés. — Vincent Arquillière

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