Des clés dans la poche

En Ile-de-France, 350 000 ménages sont en situation de grande précarité et plus d'un quart des SDF ont un emploi. Chaque jour, le Samu social paye 30 000 nuits d'hébergement pour des nécessiteux. Constatant que les logements sociaux ne se libèrent qu'en moyenne tous les vingt ans à Paris, contre quatre ans à Aurillac, l'associasion Aurore et la société Polygone ont élaboré un partenariat pour une expérimentation soiale. Il s'agit de proposer à des familles, ou à des célibataires, de tenter de construire leur avenir dans le Cantal, où un logement leur sera proposé et un accompagnement social offert.

Critique : Dans les rues de Paris, des milliers de sans-abri composent chaque jour le 115 pour trouver un toit pour la nuit. Au total, 75 000 personnes sont accueillies dans des structures sociales (hôtels, centres d'hébergement...) payées par l'Etat. L'association parisienne Aurore, qui oeuvre à la réinsertion professionnelle, propose d'accompagner l'installation de volontaires dans la ville d'Aurillac (Cantal) qui dispose de logements vacants. Reste à évaluer leur motivation. A 58 ans, un ancien boulanger, à la rue depuis cinq ans, affirme se sentir prêt à quitter la capitale et à retravailler. Tout comme un jeune homme, ou encore ces familles espagnole et srilankaise, entassées avec leurs enfants dans des chambres. Tous se disent motivés, prêts « au grand départ », avec « la rage de reconstruire ». La caméra suit Stéphane, Hamza, Lahi­ru et Tarushi dans leurs démarches et interrogations. Si Aurillac leur offre un toit — grâce à un bailleur social — et un accompagnement ciblé pour trouver un emploi, le changement de vie exige des capacités d'adaptation dont disposent en tout premier lieu les enfants, comme le montrent quelques séquences fortes. Sans dresser de bilan définitif, le film, parfois noyé sous les accords de guitare, retrace les étapes pilotes d'une formidable expérience, amenée à se poursuivre à plus grande échelle. — Emmanuelle Skyvington

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