Defferre, la fin d'un règne

Inspirateur des lois de décolonisation et de décentralisation, Gaston Defferre fut aussi maire de Marseille pendant 33 ans, jusqu'en 1986. A l'aide d'archives et de témoignages inédits, Jean-Michel Djian se penche sur les trois dernières années de son règne. Trois années d'un combat âpre et décisif pour l'avenir de Marseille, qui coïncident avec les meilleures années de la gauche au pouvoir en France.

Critique : Ce documentaire se concentre sur les trois dernières années de Gaston Defferre, ce maire « devenu aussi populaire que le Vieux-Port », et finalement « mort en scène » en 1986. En 1981, l'inamovible édile de Marseille, 76 ans, est jugé trop vieux pour accéder à Matignon. Pierre Mauroy et François Mitterrand consentent à son souhait de devenir ministre de l'Intérieur et de la Décentralisation — un chantier dont Gaston Defferre fera son fer de lance. Le temps écoulé a permis aux témoins ici conviés d'opter pour une réelle liberté de ton. On sait gré au réalisateur de n'avoir sollicité qu'une poignée (pertinente) d'interlocuteurs politiques : Philippe Sanmarco, Pierre Mauroy, Michel Pezet et Jean-Claude Gaudin dépeignent, avec franchise, les dessous de cette « fin de règne ». Sur un rythme alerte, témoignages et archives alternent, racontant la façon dont Defferre a manoeuvré pour garder coûte que coûte la mairie de Marseille en 1983, et surtout son refus obstiné d'envisager sa succession. Enfin, seule véritable gardienne du temple dans ce documentaire, Edmonde Charles-Roux, veuve de Gaston Defferre, intervient assez tard pour rappeler qu'il était aussi « un personnage d'une dimension romanesque formidable ». — Juliette Warlop

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