Les naufragés du Fol Espoir

Jean et Gabrielle La Palette, secondés d'une équipe enthousiaste, poursuivent le tournage de leur film : l'utopie survivra-t-elle au naufrage des illusions ?

Critique : Rien ne fait peur à Ariane Mnouchkine, surtout pas réécrire pour l'écran ses spectacles les plus théâtraux. Tels ces Naufragés du Fol Espoir, librement inspirés d'un des derniers romans de Jules Verne. Avant que n'éclate la guerre de 1914-1918, en ce début de siècle où toutes les utopies semblent possibles, un cinéaste pionnier entreprend de filmer en images muettes les épouvantables mésaventures de naufragés du cap Horn. Débarqués en Terre de Feu, ceux-ci maltraitent les indigènes, s'entretuent pour de l'or... avant de redécouvrir les lois de la fraternité, au moment même où, sur le plateau, l'équipe cinéma apprend l'assassinat de Jaurès... Télescopages des époques, des situations : Ariane Mnouchkine jongle avec les lumières pour passer des scènes de tournage aux scènes « réelles ». Sous la houlette dudit cinéaste (épatant Maurice Durozier), les comédiens multiplient les rôles : dans le film, hors le film. Théâtre et cinéma se disputent le plateau. On comprend les difficultés de l'adaptation pour un autre écran encore. Ariane Mnouchkine a cru éclairer le spectateur de son film — celui que vous allez regarder... — en imaginant des témoins extérieurs du spectacle en train de se faire. Ça complique davantage. Reste que cette « folle » entreprise est belle, et magnifique le lyrisme violent des scènes de cinéma muet, la fin des espérances politiques des personnages, puis leur foi reconquise... — Fabienne Pascaud

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