Tresser la paille

La vie quotidienne d'un berger nomade Wodaabe du Niger, de l'hivernage aux grandes cérémonies du worso, de Niamey à l'infinie steppe sahélienne.

Critique : « L'homme grandit en marchant et s'affirme en foulant sans relâche la carapace de la terre. » C'est de leur condition même de nomades que les Wodaabe tirent la fierté de leur existence. Marcher est pour ce peuple du Sahel un accomplissement ­spirituel, la source de leur maturité. La caméra de Jean-Pierre Valentin suit le quotidien du patriarche Kabo Ana et de son clan. Les images révèlent l'harmonie paisible qui dirige leur vie. On observe avec délectation leur patience avec les bêtes, la grâce de chaque geste, l'attention portée à toute chose... La recherche de la beauté est une constante chez les Wodaabe. Ils s'habillent de tissus colorés, se parent de bijoux et se coiffent de tresses sophistiquées. Par deux fois, le film s'attarde sur la grande fête annuelle du worso où les clans se rejoignent. A la limite de l'ésotérisme, les corps d'éphèbes se mettent en scène pour chanter et danser. Le visage peint et les yeux possédés des jeunes garçons ­hypnotisent. C'est seulement à quelques minutes du générique de fin que le réalisateur évoque, bien trop rapidement, les réalités modernes qui, peu à peu, rattrapent cette vie à l'écart de notre espace-temps. Les conditions climatiques arides, le manque d'argent et la proximité d'al-­Qaida mettent en danger cette population ancestrale. Mais si la culture des ­Wodaabe fascine l'oeil et l'esprit, le documentaire donne l'impression d'être passé à côté de leur intimité et du caractère ­particulier de chacun. — Salomé Vincendon

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