Missionnaires au pays des Francs

Au VIIIe siècle, l'Occident entre dans une nouvelle ère. Pour étendre et stabiliser le royaume franc, les premiers souverains carolingiens s'allient avec l'Eglise contre les autres peuples barbares. Enjeu politique autant que religieux, la christianisation des parties orientales de l'Empire est confiée à des missionnaires. Une fratrie de nobles anglo-saxons compte parmi les pionniers de ce mouvement d'évangélisation. Willibald, Wunibald et leur soeur Walburge s'établissent ainsi en Bavière, alors peuplée de païens et de chrétiens hérétiques. Ils fondent des monastères, convertissent nobles et petites gens et contribuent à la mise en place de structures politiques nouvelles. Leur existence a été chroniquée par Hugeburc, une femme de lettres.

Critique : Au VIIIe siècle, les frères Willibald et Wunibald quittent leur Angleterre natale pour s'aventurer sur les chemins de Rome et de Jérusalem. Willibald achève son tour du monde méditerranéen par un passage remarqué dans la célèbre abbaye du mont Cassin, en Italie. Vif, discipliné et brillant théologue, le Saxon attire l'attention du pape. En 739, Grégoire III ordonne au jeune moine d'évangéliser les turbulentes contrées de Bavière. Ces terres païennes suscitent la convoitise de l'Eglise et de son allié « politique », le royaume des Francs. Malgré l'hostilité locale, Willibald érige un monastère et convertit à tour de bras nobles et manants, bientôt rejoint par son frère et sa soeur Walburge. A sa mort, en 787, la Bavière est totalement christianisée. A travers l'aventure germanique de Willibald, le documentaire prétend illustrer l'influence de l'Eglise sur l'Europe et ses institutions. L'idée est bonne, le film non. Les réalisateurs surprennent par un total manque de recul sur l'Histoire et les missionnaires. Une narration décousue mais enjouée présente les trois futurs saints comme de courageux bienfaiteurs envers les païens. « Leur histoire montre qu'il est bon de porter en soi un peu de confiance en Dieu », conclut même une historienne. Les dialogues naïfs et atrocement doublés, ainsi que l'interprétation douteuse des scènes de fiction, ne sauvent pas la parole d'évangile du documentaire. — Adrien Maillard

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