Les Indes galantes

Prologue. Hébé, déesse préposée aux plaisirs des dieux, et Bellone, patronne de la guerre, se livrent à une lutte d'influence. - Le Turc généreux. Un prince turc laisse partir la femme qu'il aime avec son amant. - Les Incas du Pérou. Une princesse inca tombe amoureuse d'un guerrier espagnol. - Les Fleurs. Intrigues amoureuses lors d'une fête persanne. - Les Sauvages. En Amérique, une jeune indienne attise la convoitise de deux officiers, un Espagnol et un Français. -- Critique : Deuxième ouvrage de Rameau pour la scène, créé en 1735, Les Indes galantes, opéra-ballet en quatre « entrées », célèbre le triomphe de l'amour parmi tous les peuples, sous toutes les latitudes — de la Turquie au Pérou, de la Perse à l'Amérique du Nord. Chorégraphe et metteur en scène de ce spectacle, Laura Scozzi situe le Prologue dans l'état de nature, si cher à Jean-Jacques Rousseau. Ses danseurs s'ébattent, innocents et nus comme Adam et Eve avant le péché originel ! Hélas, sitôt cet épisode paradisiaque achevé, la poésie, comme les danseurs, peut aller se rhabiller ! On passe du naturisme au naturalisme. Formée à l'école de Laurent Pelly, Laura Scozzi cultive le même parti pris théâtral. A la réflexion et à la rêverie dramaturgiques, elle préfère l'accumulation de gags prosaïques, parodiant les clichés les plus triviaux de notre société de consommation. On peut juger cette surcharge inventive et réjouissante, ou, au contraire, indigeste et consternante — notamment dans le tableau des Incas, où Rameau déploie ce goût du « merveilleux », propre à l'imaginaire du xviiie siècle. Dans la fosse, chef et instrumentistes des Talens lyriques veillent au grain. Ancien assistant de William Christie pour une mémorable production aixoise des Indes galantes, dans la mise en scène d'un humour dévastateur d'Alfredo Arias, Christophe Rousset défend ardemment les couleurs orchestrales de Rameau. La distribution vocale — la jeune soprano Amel Brahim Djelloul en tête — est à l'unisson. — Gilles Macassar

Commentaires