Les dessous de la mondialisation - Malaisie, à fleur de peau

Enquête dans un pays dont l'économie et la société subissent les conséquences de la mondialisation.

Critique : A un bout de la chaîne, un reptile ondulant, aux reflets chatoyants. A l'autre bout, un de ces sacs à main griffés dont les fashionistas raffolent, et qui peuvent se vendre 7 000 euros pièce... Comment le python se transforme-t-il en objet de luxe ? Pour expliquer ce processus — et en ausculter les dérives —, Anne-Charlotte Gourraud s'est rendue à la source, en Malaisie. Longtemps considéré comme le leader de la production et de l'exportation de la peau de python, le pays s'est vu interdire en 2004 la vente de cette précieuse matière à l'Union européenne. Des plantations de palmes — écosystème naturel des bestioles — aux locaux d'une entreprise d'exportation, la réali­satrice a suivi des chasseurs de serpents, scruté les conditions d'abattage des reptiles, remonté les filières de transformation et d'exportation, évalué les conséquences de ce durcissement de la loi dix ans après. Bilan ? Les moyens de contourner la réglementation sont légion. Les peaux transitent désormais par d'autres pays asiatiques, qui, ensuite, les réexportent vers les clients européens — les intermédiaires falsifient les permis d'expor­tation... Par ailleurs, c'est l'Europe qui capte 95 % des bénéfices de ce marché, au détriment des petites mains malaisiennes qui triment pour des salaires de misère. Toujours le même constat d'un partage totalement inégalitaire. — Hélène Marzolf

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