Six millions et un

Déporté à l'âge de 16 ans, Joseph Fischer survit à son internement dans cinq camps de concentration successifs. Une fois libre, il s'installe en Israël, fonde une famille et se tait. Seul témoignage de son calvaire : un journal intime, retrouvé après sa mort par son fils David, dans lequel il raconte l'horreur et l'indélébile traumatisme. Avec ses deux frères et sa soeur, le réalisateur David Fischer part alors pour l'Autriche visiter les camps où leur père a été déporté. Ce voyage, scandé par la lecture du journal, libère la parole au sein de la fratrie. Esti, Gideon, Ronel et David évoquent leurs souvenirs d'enfance et leurs visions, souvent contradictoires, de l'histoire familiale.

Critique : « Je suis parti sur les traces de mon père quand j'ai compris à quel point j'ignorais qui il était. » Exhumer le passé de son géniteur, découvrir la douleur de toute une vie et comprendre finalement un peu mieux qui l'on est, c'est le chemin bouleversant que gravit le réalisateur israélien David Fischer dans ce documentaire. Tout est parti d'un cahier, retrouvé à sa mort. Un journal intime, dans lequel le père de David a écrit ce qu'il n'a jamais pu raconter de son vivant : la guerre, son internement dans plusieurs camps de concentration, le travail forcé, la faim, la mort, sa libération inespérée. Ebranlé par ce récit, David a décidé d'emmener ses frères et soeur en Autriche, où leur père fut détenu dans une annexe du camp de Mauthausen. Scandé par la lecture du journal intime, ce film est le récit de leur émouvant voyage. Une exploration historique au coeur de la folie nazie et des terribles conditions de vie dans les camps, mais aussi, au fil des discussions entre ces fils et fille de survivant, une réflexion vivante sur le poids de l'héritage familial. En soulignant l'effacement des traces physiques de la barbarie mais la permanence des blessures psychologiques, David Fischer porte ici un magnifique témoignage, aussi personnel qu'universel. — Lucas Armati

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