La Santé, une prison capitale

Une histoire de la maison d'arrêt de la Santé, seule prison intra-muros de Paris, qui fait l'objet depuis 2014 d'importants travaux de réhabilitation.

Critique : « La Santé est malade... » De cette prison dans Paris intra-muros, de ce « lieu tragique », comme le dit Robert Badinter, de son odeur, son mitard, son quartier VIP — qui accueillit Papon, Carlos ou Tapie —, ses évasions spectaculaires — Mesrine par une échelle et Vaujour en hélicoptère —, sa surpopulation, sa vétusté et son indignité, on aura tout dit. Inaugurée en 1867, la maison d'arrêt a été fermée pour travaux en 2014. Vidée de ses deux mille détenus (répartis dans d'autres établissements pénitentiaires), la Santé abrite désormais un immense chantier de réhabilitation. Ses « quartiers bas » (les fameux camemberts) et surtout ses « quartiers hauts » seront complètement réimaginés d'ici à 2018. Chaque prisonnier disposera d'une cellule individuelle avec un bloc sanitaire. Pour évoquer son histoire complexe, Valérie Lavalle a filmé la prison désaffectée, bruissant de souvenirs, et réuni un aréopage d'intervenants, parmi lesquels l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter, témoin des dernières exécutions à Paris (de Bontems et Buffet en 1972), le Dr Véronique Vasseur, ex-médecin chef de la Santé de 1993 à 2000, et Pierre Botton, qui y fut incarcéré et dédie sa vie à imaginer une détention différente, ouverte sur la société. Face à une matière très riche et grâce à l'exploitation de séquences d'archives, le film passe en revue le passé de la vie carcérale à la Santé pour dresser, en creux, l'avenir des prisons classiques, les enjeux et voies de la réinsertion, ainsi que le sens de la privation de liberté. — Emmanuelle Skyvington

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