Les filles-dragons

Les espoirs et les déboires de trois filles de l'école de kung-fu Shaolin Tagou, la plus grande de Chine, située dans la province chinoise du Henan.

Critique : Elles rigolent en exhibant leurs cicatrices. Des gamines en survêtement rouge et noir qui racontent leurs blessures et comptent leurs points de suture comme des vétérans après la guerre. A l'école de kung-fu Shaolin Tagou, discipline martiale et entraînement de fer rythment le quotidien de petites filles aux bouilles de presque bébés. Dans cette institution publique chinoise qui accueille plus de vingt-cinq mille étudiants, les élèves manient le sabre et le bâton, enquillent pompes, assouplissements et combats sans relâche, du lever — 5h40 — à l'extinction des feux, dans une ambiance de pensionnat militaire. Parades géantes au pas cadencé, alignements de jeunes élèves encadrés d'une main de fer : c'est une organisation de forme totalitaire que saisit le réalisateur Inigo Westmeier dans des tableaux quasi chorégraphiques. Images impressionnantes auxquelles viennent s'accoler les mots du directeur de l'école justifiant la discipline d'airain. Mais aussi les regards plus contrastés de trois jeunes filles sur cette vie peu ordinaire, entre brimades, larmes ravalées et parents absents. Du haut de ses 9 ans, l'incroyable Xin Chenxi, dont la frêle silhouette virevolte dans les airs avec une grâce inouïe, explique que « kung-fu, ça veut dire travailler dur ». La rebelle Huang Luolan a, elle, décidé de fuir le casernement et les coups de bâton. Entre rêves d'élévation sociale, soumission à un esprit de compétition forcené et aspiration à la liberté, le portrait âpre et touchant d'une certaine jeunesse chinoise. — Virginie Félix

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