Histoires de la Scala

A l'occasion de l'ouverture de l'Expo Milano 2015, une plongée dans l'histoire de la Scala, temple vivant de l'opéra, avec notamment Plácido Domingo ou Riccardo Chailly.

Critique : Le seul nom de Scala, qui se termine sur une voyelle ouverte comme une vocalise, symbolise à lui seul la quintessence de l'art lyrique. Depuis 1778, date de sa construction après qu'un incendie eut ­ravagé le théâtre ducal de Milan, ce temple de trois mille places, lumineux, sans décorations tape-à-l'oeil, reste un mythe qu'il est difficile d'approcher, d'expliquer, autrement que par une enfilade de superlatifs dont ce documentaire abuse par moments. Si l'histoire a oublié le nom du premier imprésario des lieux — Domenico Barbaja, ancien garçon de café incapable de lire une partition mais à l'instinct infaillible —, ceux de Verdi, Bellini, Puccini, Donizetti suffisent à dérouler le tapis rouge d'une réputation. Tout comme les plus grands chefs du monde, dont Toscanini, qui donnera une nouvelle pulsion musicale à toute la maison. Et le gotha des chanteurs, tous intimidés lors de leurs premiers pas sur scène. Pas de consécration sans un triomphe à la Scala, dont le public reste le plus exigeant au monde, spontané ou corrompu pour orchestrer des cabales. Parmi les témoignages, quel regret de ne pas pousser l'interview de Stéphane Lissner, intendant de 2005 à 2014, qui parle d'un théâtre brutal et sophistiqué en même temps. Alors défile une succession de photos, étapes des grandes heures ; une succession de trop courts extraits musicaux, ô frustration. Mais c'est cela aussi le mythe de Scala : être inconsolable de ne pas avoir assisté à des soirées magiques, comme cette Traviata de Verdi, dans les années 1950, réunissant Carlo Maria Giulini à la baguette, Luchino Visconti à la mise en scène et Maria Callas. — Bernard Mérigaud

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