L'obsession de la virginité

En Allemagne, la sexualité reste encore un sujet tabou au sein de la communauté musulmane. Sous l'autorité de leur famille, les jeunes femmes sont amenées dès leur enfance à rêver d'un grand mariage avec un musulman à qui elles offriront leur virginité, avant de se soumettre. Ce culte de la virginité est tellement fort que des entreprises vendent des hymens artificiels. Les contraintes de ce monde patriarcal touchent aussi les jeunes hommes, qui doivent correspondre à l'image traditionnelle de la masculinité. La réalisatrice est partie à la rencontre de celles et ceux qui tentent de changer les mentalités, chacun à leur façon, du recteur de la Grande Mosquée de Paris aux Femen en passant par des militants associatifs masculins, des intellectuelles ou encore une adolescente ayant fui sa famille.

Critique : S'offrir vierge à son époux le soir du mariage reste une tradition fondamentale au sein de la communauté musulmane. Les draps maculés de sang seraient la preuve d'un amour fidèle envers le mari. Preuve que ce culte de la pureté perdure, des entreprises proposent aux jeunes femmes des hymens artificiels leur permettant de préserver le secret d'une virginité perdue. Marquées par cette pratique, beaucoup de musulmanes vivent encore leur sexualité à travers le prisme de la culpabilité. Certaines se sont rebellées, à l'image d'Arife, une étudiante allemande d'origine turque qui a fui le domicile familial, rêvant d'une vie où le mariage ne lui serait pas imposé. Le documentaire part de la question de la virginité pour s'interroger sur la délicate condition de la femme dans la pratique de l'islam. Elle multiplie les rencontres, s'intéressant aussi bien aux interventions musclées des Femen qu'aux réflexions du recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur. Mêlant son histoire familiale à ses interro­gations, la réalisatrice signe un film engagé et personnel, s'attachant à souligner que la ­liberté peut s'acquérir pour chacune. — Marie Campistron

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