Comment Bach a vaincu Mao

03Avri

documentaire - musique classique

Née à Shanghai en 1949, l'année de l'arrivée au pouvoir de Mao, la pianiste Zhu Xiao-Mei est réputée pour ses interprétations profondes et limpides de Jean-Sébastien Bach, son compositeur de prédilection. En 1969, toute jeune artiste en passe d'achever sa formation, elle subit de plein fouet la Révolution culturelle lancée par Mao. La musique classique est proscrite comme l'un des symboles de l'Occident impérialiste. Ceux qui ont fait voeu de la servir, comme elle, sont sévèrement réprimés. Zhu Xiao-Mei est condamnée à cinq années de «rééducation», puis à cinq autres années de camp de travail, en Mongolie intérieure, avant de réussir à quitter la Chine pour se consacrer à son art.

 

Critique : 1949, l'année de naissance de Zhu Xiao-Mei, à Shanghai, fut aussi celle de l'arrivée au pouvoir de Mao Zedong et de la fondation de la République populaire de Chine, dont sa jeunesse fit les frais. Pianiste virtuose, elle subit à 20 ans les foudres de la Révolution culturelle, hostile à la musique classique et prompte à juger sa famille « bourgeoise » et « contre-révolutionnaire ». Envoyée dans un camp de rééducation, puis dans un camp de travail, elle y perdra dix ans avant de gagner les Etats-Unis puis la France, où elle vit depuis un quart de siècle. Tout au long des épreuves qu'elle a traversées, Jean-Sébastien Bach lui a tenu compagnie et donné du courage. Aussi est-ce avec Bach qu'après une longue période d'hésitations elle a fini par revenir en Chine, le temps d'une tournée dont Paul Smaczny nous livre quelques éclats. Mais qu'a cherché à faire le réalisateur allemand avec ce film dont on retient surtout les séquences musicales ? Le récit d'un retour au pays après un long exil — auquel cas, il eût fallu envisager une construction à même de rendre compte de ce voyage capital ? Le portrait d'une artiste dont les mots comme le jeu dégagent une lumineuse paix intérieure — auquel cas, il y manque certains éléments et de la profondeur ? Incapable de se déterminer, Smaczny se contente de suivre Zhu Xiao-Mei de Leipzig à Pékin, sans même s'interroger sur la frénésie des spectateurs chinois se battant pour acheter des CD de l'artiste ou se les faire dédicacer. A croire que, cinquante ans après la mise au ban de la musique classique, la « marque de standing » que représente dans la Chine d'aujourd'hui la possession d'un piano ne serait pas pour lui l'indice d'une nouvelle servitude. — François Ekchajzer

 

Diffusion : Le 03 Avril 2017 à 00:45

 

Replay : Disponible prochainement ...

 

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