Cocottes et courtisanes dans l'oeil des peintres

01Mai

documentaire - culture

Comment la prostitution, en plein essor au XIXe siècle, a inspiré les plus grands peintres, de Manet à Picasso en passant par Degas, Van Gogh et Toulouse-Lautrec.

 

Critique : Le nu féminin a accompagné avec éclat toutes les révolutions picturales. Des bacchanales de Titien aux baigneuses callipyges de Courbet, qui succèdent aux oblongues beautés d'Ingres : le corps des lianes dévêtues suscite l'expérimentation créatrice. Mais, à partir des années 1850-1860, un nouveau motif s'impose lorsque la figure de la prostituée investit les cimaises. D'Olympia aux Demoiselles d'Avignon, les hétaïres vont inspirer les plus grands. Conséquence de l'urbanisation et du capitalisme naissant, le commerce charnel prospère sur fond de misère et d'exode rural. Observateurs licencieux, et parfois clients eux-mêmes (Degas, Toulouse-Lautrec, Van Gogh), les peintres deviennent des témoins désabusés. Décodant les oeuvres les plus connues, comme l'Olympia de Manet, les dessins aquarellés de Guys ou les huiles sur carton de Lautrec, ce film judicieux donne aussi à voir des représentations plus équivoques. Qui peut débusquer aujourd'hui, derrière le regard éteint de la Femme assise au fichu de Picasso, la lassitude d'une prostituée syphilitique, recluse à la prison Saint-Lazare ? Pour traduire avec crudité cette désespérance, la réalisatrice confronte ce regard noir aux écrits d'Emile Zola, de Maxime Du Camp et d'Hippolyte Taine. Parsemé d'archives — actualités, registres de la préfecture de police — et d'airs d'Offenbach, son beau documentaire scrute les médiocrités de bourgeois décadents qui consommaient des grisettes sans vergogne. — Hélène Rochette

 

Diffusion : Le 01 Mai 2017 à 02:05

 

Replay : Disponible prochainement ...

 

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