Les petits secrets des grands tableaux - «Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, reine de France et ses enfants», 1787

Paris, deux ans avant la Révolution, l'opinion se déchaîne contre la reine : avec son portrait de Marie-Antoinette, Elisabeth Vigée Le Brun tente une opération de séducation.

Critique : Hiératique, toute de pourpre drapée, la reine apparaît en majesté, entourée de sa progéniture, généreusement campée par sa peintre attitrée : Elisabeth Louise Vigée Le Brun. Conçue comme une oeuvre de propagande, cette noble composition cache un accommodement avec le réel. Conspuée par la rue, accusée de frivolité depuis l'affaire du collier, Marie-Antoinette concentre toutes les acrimonies. Endettée, déconsidérée, l'autorité royale confie aux pinceaux de l'artiste l'impérieuse mission de restaurer son image. Inspectant les recoins du salon de la Paix, à Versailles, où le portrait a été peint, déambulant dans l'atelier de la fille du pastelliste Louis Vigée et dans les parcs versaillais, le film restitue l'atmosphère déliquescente de la France prérévolutionnaire. Aux toiles suaves d'Elisabeth Vigée Le Brun, la réalisation adjoint des gravures et des animations en relief qui reflètent la sourde clameur populaire. Pages déployées en guise d'ailes, les pamphlets visant la reine volettent, représentés comme des nuées de colibris lâchés en liberté au-dessus du Louvre. Les nuages s'amoncellent autour de la couronne, comme le préfigurent le berceau vide et la pose figée du portrait officiel. — Hélène Rochette

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