La nuit des Trois rois

25Aout

classique

A l'occasion du tricentenaire de la mort de Louis XIV, Jordi Savall rend hommage au rayonnement Roi-Soleil en investissant trois lieux du château de Versailles, emblématiques des trois souverains qui en furent les architectes : Louis XIII, Louis XIV et Louis XV. -- Critique : Imaginée à l'occasion du tricentenaire de la mort de Louis XIV, cette Nuit des rois, dirigée par un Jordi Savall orchestrant tout un parcours géographique et historique à travers Versailles, aurait pu s'intituler « la nuit de la Reine » : la musique elle-même, dans toute sa majesté ! Louis XIII, avec son « modeste » pavillon de chasse, n'a pas seulement édifié les bases du fastueux château. Féru de musique, il s'offrit deux formations : la Grande Bande des vingt-quatre violons du roi, pour les concerts sous abris, et la Grande Ecurie, pour le plein air. Les fougueuses, bariolées et endiablées gavottes, marches, sarabandes, gaillardes et branles qui ouvrent ce programme bercèrent Louis XIII et furent transcrites par Philidor l'Aîné sur ordre de Louis XIV, qui entendait aussi régner sur les partitions de son époque. En 1683, trente-cinq candidats visent un poste de maître de chapelle. Le Roi-­Soleil s'invite au jury et déclare : « C'est Lalande que je choisis »... et qui amorce, donc, la seconde étape de cette nuit. Delalande s'affirmera en maître incontesté du motet, pendant religieux de la tragédie lyrique profane. Ce soir, il est escorté par Marc Antoine Charpentier, « le Monteverdi français » selon William Christie. Le Te Deum, très en vogue sous Louis XIV, appartient à un genre célébrant les événements heureux de la cour. Charpentier n'y sacrifie jamais l'intériorité, la ferveur, au profit d'un faste parfois décoratif chez ses confrères. Louis XIV mort bigot, que la fête commence avec Louis XV ! Rameau, notre plus grand compositeur d'opéra, est représenté par Les Boréades, mis en répétitions en 1763, abandonné, puis exhumé deux cent quarante ans plus tard. Par-­delà sa richesse, cette tragédie lyrique recelait-elle trop d'éléments sulfureux - la nymphe s'écrie : « Le bien suprême, c'est la liberté » ? En attendant d'autres révolutions, ce soir, faites allégeance à la triplette des Louis et à la ferveur d'un grand maître de cérémonie : Jordi Savall. Les échos de Versailles valent bien une nuit blanche. — Bernard Mérigaud Suivi, à 3h05, du Bourgeois gentilhomme, mis en scène par Denis Podalydès à l'Opéra royal de Versailles en 2012.

 

Diffusion : Le 25 Aout 2017 à 02:00

 

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