Walt Disney

En 1941, Walt Disney connaît la plus grosse désillusion de sa carrière. Mortifié par la grève géante qui touche ses studios, il ne comprend pas que son paternalisme ne suffit plus à satisfaire ses employés mal payés et surexploités. Pour le créateur de «Fantasia» et «Dumbo», la cassure est forte avec l'esprit communautaire dont il a toujours rêvé. D'autres critiques le visent, sans le faire vaciller de son socle idéologique conservateur. Accusé, en 1946, de donner une image glorifiée de l'esclavagisme avec «Mélodie du Sud», il n'a pas non plus hésité à lister le nom des meneurs prétendument communistes de la grève de 1941. Face au réel et à la vie sociale, Walt Disney se prend à rêver à un monde idéalisé et clos sur lui-même : un parc d'attraction thématisé : Epcot, en Floride.

Critique : Comment un petit gars du Middlewest, marqué par l'autoritarisme et les faillites de son père, est devenu le roi du divertissement familial. C'est le fil rouge de cette biographie fleuve de Walter Elias Disney (1901-1966), solidement documentée... et contrastée. Historiens du cinéma et proches du père de Mickey racontent le créateur de formes ciné­matographiques novatrices, le visionnaire qui perçoit très tôt l'importance économique et culturelle de la télévision, l'as du marketing qui invente les premiers parcs à thèmes — le récit de l'inauguration chaotique de Disneyland, retransmise en direct sur la chaîne ABC, est l'un des grands moments du film. Mais au fil de ce portrait fouillé, le décalage entre l'image publique de Walt Disney et sa personnalité privée ne cesse de se creuser : l'homme simple, sympathique et chaleureux qui enchantait chaque semaine des millions de téléspectateurs américains, était aussi un patron de choc, obsédé par les syndicats jusqu'à la paranoïa ; un obsessionnel du contrôle, dont le perfectionnisme a manqué ruiner son studio à plusieurs reprises ; un conservateur mû par une vision idéalisée du passé. Pendant près de quatre heures, anecdotes et analyses s'enchaînent dans un récit particulièrement dense, mais jamais ennuyeux, grâce aux extraits (bien choisis et judicieusement placés) des grands classiques disneyens, de Blanche-Neige à Mary Poppins. Grâce, aussi, à la profusion d'images d'archives surprenantes. Où l'on découvre, entre autres perles, que Dalí a joué au petit train avec Disney... — Samuel Douhaire   Et aussi, à 2h20, l'opéra de Philip Glass The Perfect American, dont le héros est... Walt Disney !

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