Les batailles de la culture

Au cours des deux septennats de François Mitterrand, la culture a bénéficié d'une place de premier choix grâce aux combats menés par des hommes et des femmes passionnés.

Critique : Finalement, la gauche au pouvoir n'a pas un si mauvais bilan. Il suffit juste d'oublier le présent pour se projeter trente ans en ­arrière, à l'époque flamboyante du tandem Jack Lang-François Mitterrand, doublant le budget de la Culture, défendant le prix unique du livre, investissant massivement pour soutenir la création contemporaine. La documentariste Yvonne Debeaumarché passe en revue les grands chantiers menés de 1981 à 1993 — création des Frac (Fonds régionaux d'art contemporain), des Zénith, fêtes de la Musique, du Cinéma, etc., prémices d'une ­exception culturelle française dont le secteur profite encore largement aujourd'hui. C'était un « grand moment d'utopie », résume l'historien ­Pascal Ory, qui témoigne parmi d'autres conseillers ou chargés de mission plus ou moins nostalgiques de cet âge d'or où la culture était au coeur de l'idéal socialiste. Evidemment, Jack Lang tient ici le beau rôle, celui du fin stratège qui a « bombardé Mitterrand de notes » pour imposer ses idées. Parfait communicant de lui-même, le ministre a su décloisonner les disciplines artistiques et développer une « pratique festive de la culture », provoquant des remous sur sa droite (qui paraissent aujourd'hui bien dérisoires). Cette très juste synthèse des combats (souvent gagnés) de l'époque dessine aussi, en creux, l'absence de ­modèle actuel pour le PS, alors que les subventions publiques à la culture s'amenuisent dans les collectivités locales et que le gouvernement semble bien souvent dépassé par les nouveaux ­enjeux de la création. — Erwan Desplanques

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