14, des armes et des mots - L'assaut

Les soldats sont confrontés à l'horreur des tranchées, où règnent la misère, la faim et la mort. De part et d'autre, des officiers préservés de cette réalité envoient sans sourciller des dizaines de milliers d'hommes à la boucherie. Une effroyable réalité que le Britannique Charles Edward Montague, qui s'est engagé en mentant sur son âge et en mettant de côté son pacifisme, le Français Louis Barthas, l'Autrichien Karl Kasser, l'Allemand Ernst Jünger et la jeune Russe Marina Yurlova apprennent à supporter, chacun à sa manière.

Critique : Comment parler de 1914 avec les outils de 2014 ? Comment prolonger le témoignage des poilus maintenant tous disparus ? Pour y répondre, France 2 a sorti en mars la grosse artillerie avec sa spectaculaire (et controversée) Apocalypse et ses archives colorisées. A partir de ce soir, Arte tente un pari encore plus ambitieux — et au protocole autrement plus rigoureux — avec un documentaire-fiction qui raconte la Grande Guerre via quatorze destins exceptionnels, représentatifs de la « mémoire collective ». A l'arrivée, un étrange objet, une série chorale, polyphonique, qui s'éparpille un peu sur tous les fronts, suivant en parallèle le destin des soldats de Guinée française, de Russie, de Belgique ou de Nouvelle-Zélande, avec un mélange d'archives (intéressantes) et de reconstitutions de scènes ou de conversations vécues (le quotidien d'un garçonnet ordinaire à Sedan, l'histoire d'une adolescente cosaque partie retrouver son père, ou encore le récit des tranchées du soldat et futur écrivain allemand Ernst Jünger). L'ampleur du projet est assez vertigineuse — vingt-huit pays ont participé à cette coproduction franco-allemande, plus de mille journaux de guerre et de lettres ont été consultés, le montage a duré deux ans — pour un résultat, hélas, un peu moins convaincant que prévu. Tous les récits enchâssés ne se valent pas et les scènes de fiction, fruits d'un bel effort pour ripoliner le genre du documentaire de guerre, le rendent paradoxalement plus vieillot. On se serait volontiers passé de ces reconstitutions en costumes pour mieux profiter du précieux montage d'archives, et des témoignages (lus en voix off) de ces quatorze survivants de la boucherie. — Erwan Desplanques

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