L'image mouvementée

A l'occasion de l'exposition «Dynamo, un siècle de lumière et de mouvement dans l'art 1913-2013» au Grand Palais en avril 2013, retour sur l'art cinétique.

Critique : Ces dernières années, plusieurs expositions (François Morellet au Centre Pompidou, Julio Le Parc au palais de Tokyo, Dynamo au Grand Palais...) ont remis à l'honneur l'art optique et (lumino-)cinétique. Un mouvement quelque peu oublié après avoir été très à la mode pendant les Trente Glorieuses — Vasarely, surtout —, qui rayonnait alors depuis Paris en rassemblant des artistes du monde entier. Même s'il plonge beaucoup dans le passé, Sylvain Roumette ne se contente pas d'aligner les archives, si remarquables soient-elles (comme ce vernissage d'une expo à New York en 1965, filmé par un certain Brian De Palma). Il fait aussi témoigner plusieurs de ces auteurs d'« oeuvres transformables », dans un montage pulsé mais fluide qui évite la galerie de portraits trop figée. Démonstrations à l'appui, Le Parc, Morellet ou Yaacov Agam, octogénaires encore alertes, expliquent leur volonté d'aller à l'encontre de l'art « officiel » de l'époque en invitant le public à se déplacer pour modifier sa perception de l'oeuvre, l'autorisant même parfois à la toucher, à la faire bouger, à l'actionner — évidemment, les enfants adorent. Après s'être contentés pendant des siècles de suggérer le mouvement, les artistes l'intégraient à leurs créations vibrantes et vibratiles, où la durée devenait une dimension ­supplémentaire et le son (chez Tinguely ou Jesús-Rafael Soto), une sensation à part ­entière. A la fois avant-gardiste et accessible, l'art optique et cinétique aura été un élément ­essentiel de ce qu'on n'appelait pas encore la culture pop (comme le montre ici le Scopitone de Contact !, morceau écrit par Gainsbourg pour Bardot). Sa façon d'impliquer le spectateur se retrouve aujourd'hui dans les installations immersives, tels les fascinants brouillards colorés d'Ann Veronica Janssens. — Vincent Arquillière

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