La dette, chronique d'une gangrène - 1992-2015

Retour sur l'histoire de la dette nationale avec les témoignages inédits de ceux qui ont été en charge des finances du pays entre 1992 et 2015. Alain Juppé, Pierre Moscovici, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Claude Trichet ou encore Eric Woerth, ministre du Budget entre 2007 et 2010 apportent leur éclairage sur l'évolution de l'endettement de l'Etat, qui atteint aujourd'hui presque 100% du PIB. Quels mécanismes ont abouti à cette augmentation ? De quelle manière le déficit pèse-t-il sur la démocratie ? Des économistes spécialisés dans les finances publiques mettent en perspective les enjeux liés à la dette.

Critique : Elle a été multipliée par six en quarante ans, pour atteindre presque 100 % du PIB. Comment en est-on arrivé là ? Pour raconter l'augmentation vertigineuse de la dette publique de la France, Joël Calmettes est allé voir ceux qui étaient aux manettes de nos finances pendant toutes ces années : d'anciens Premiers ministres, secrétaires d'Etat au Budget, ministres de l'Economie. Juppé, Emmanuelli, Villepin, Fillon, Rocard, Raffarin, Giscard... La liste des intervenants est prestigieuse, et l'on prend un plaisir certain à écouter ces brillants personnages justifier leurs décisions de l'époque. Bien sûr, à chaque décennie, chaque mandat, le contexte extérieur (crises pétrolières, construction européenne, crise des subprimes) a influé sur les dépenses publiques. Mais des constantes existent aussi, subtilement mises en lumière : cette foi aveugle de nos responsables en un retour de la croissance ; l'oubli immédiat de leurs engagements de campagne, à l'épreuve de la réalité des finances... Au fil des décennies, nos élus semblent s'accrocher à l'idée d'une prééminence du politique sur l'économique. Ce que résume, avec un air narquois, l'ancien directeur de l'OMC Pascal Lamy, moquant l'esprit quasi monarchique de nos dirigeants politiques : « L'intendance suivra. » Difficile d'aborder thème plus ardu. Joël Calmettes rend son film fluide et digeste grâce à un montage alerte, quelques animations drôles et pédagogiques, et, surtout, un choix pointu d'archives extrêmement savoureuses. — Perrine Dutreil   Suivi, à 22h25, d'un débat animé par Marina Carrère d'Encausse.

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