L'hiver de Pablo

Comme Pablo, un retraité forcé de prendre un nouveau départ, les habitants d'Almadén, en Espagne, doivent s'adapter aux changements qui frappent la ville. -- Critique : S'il a pour habitude de glisser dans un survêtement son corps ventripotent, Pablo est tout le contraire d'un sportif ; il traîne sa retraite d'ancien mineur sans trop savoir quoi faire de son quotidien, de ses deux jambes et de ses dix doigts. Sa vie professionnelle, il l'a passée à s'user la santé à extraire du cuivre du sous-sol d'Almadén (« la mine », en arabe), en Espagne, où le cloue une existence morne. De son passé, il garde une forme de nostalgie et des problèmes pulmonaires qui justifieraient qu'il arrête de fumer. Pour autant, vivrait-il plus longtemps ? Sans doute pas, s'entendil dire, mais le temps lui paraîtrait plus long... Le laconisme de ses échanges avec sa femme et avec ses amis donnent au documentaire de Chico Pereira une coloration désenchantée, qui en fait le principal attrait. De vagues ronchonnements en visite chez le médecin et en partie de cartes, L'Hiver de Pablo suit cet homme ordinaire avec attention. Si les scènes qui s'y succèdent ne manquent pas de saveur, témoignant d'une habileté à suggérer le paysage intérieur de son protagoniste, leur addition ne produit pas l'évocation qu'on en attend. Et l'on se trouve rapidement gagné par un ennui diffus mais pas désagréable, possible écho à celui de Pablo. — François Ekchajzer