My American (Way of) Life

Quarante ans d'«American Way of Life», depuis la naissance d'un petit Américain, Jeff Stryker, en 1945, jusqu'à son entrée dans l'âge d'homme, de l'explosion de la bombe atomique sur Hiroshima jusqu'à la chute du Mur de Berlin en 1989. Evénements historiques et histoires personnelles s'entremêlent dans cette fiction documentaire pour brosser le portrait d'une génération à travers celui d'un individu. -- Critique : Chacun sait ce que signifie l'« american way of life » — et souvent, même, la subit. Sylvain Desmille a décidé de le mettre en images, illustrant par une mosaïque de vignettes ce mode de vie cool et crâne fondé sur le bien-être individuel, la consommation de masse et un zeste d'impérialisme culturel. Il est allé piocher dans un stock de vidéos super-8, archives d'amateurs ou extraits de films publicitaires, compilant le tout pour réécrire l'histoire socioculturelle des Etats-Unis de 1950 à nos jours. Le travail de montage est assez colossal et on imagine le plaisir du réalisateur à triturer cette matière, comme s'il était tombé par hasard sur des milliers de pellicules d'un vieil oncle d'Amérique. Le texte, lui, est plus déroutant. L'auteur a choisi d'écrire un récit fictif, une sorte d'autobiographie collective (ce qu'Annie Ernaux a parfaitement réussi, en France, avec son roman Les Années). Lu par l'acteur Peter Hudson, il raconte la vie d'un Américain né en 1945 et qui pourrait résumer celle de tous les Américains (vie pavillonnaire, mère au foyer...). Un peu fastidieux sur la durée, ce procédé permet malgré tout de rebrasser quelques mythes fondateurs du pays, avec deux ou trois pointes d'ironie bienvenues sur cette imagerie populaire devenue au fil des ans un féroce outil de propagande. — Erwan Desplanques